The Experts Corner

Interview exclusive avec Michel Soutiran, Fondateur de la société Sparflex et à la tête d'une patrouille de trois L39 Albatros

Michel Soutiran a passé plus de quarante ans à la tête de son entreprise Sparflex spécialisée dans la fabrication de coiffes et muselets pour les bouteilles de champagne. Ayant récemment cédé sa société, M. Soutiran se consacre désormais entièrement à sa passion : l’aviation.

Michel Soutiran a passé plus de quarante ans à la tête de son entreprise Sparflex spécialisée dans la fabrication de coiffes et muselets pour les bouteilles de champagne. Ayant récemment cédé sa société, M. Soutiran se consacre désormais entièrement à sa passion : l’aviation. Passionné depuis son plus jeune âge, il fut le premier pilote à faire voler un L39 Albatros Aero Vodochody en France et est aujourd’hui aux commandes d’une patrouille de trois L39 Albatros connue sous le nom de "Fly & Fun". (Pour les fans de James Bond, il s’agit de l’avion de "Tomorrow Never Dies" !)

Nous sommes honorés de compter M. Soutiran parmi nos prestigieux clients français et serions ravis de faire un jour partie de l’équipe "Fly & Fun" en tant que passionnés.

Comment vous est venue l’idée de créer la patrouille "Sparflex", récemment renommée "Fly & Fun" ?
L’idée ne m’est jamais venue. Les évènements l’ont créée à mesure que les opportunités se sont présentées.
Je suis pilote depuis mon plus jeune âge, mais je n’étais pas du tout qualifié sur ce type de machine. Je faisais de l’instruction étant jeune et j’ai très vite utilisé l’avion pour mes déplacements. J’avais un très beau Beechcraft King Air F90 mais j’étais seul dans la machine et il n’allait pas assez vite. J’ai aussi pris cela comme prétexte pour passer à autre chose (rires). Je suis tombé sur une annonce pour un L39 Albatros, un avion plus performant qui me permettait d’aller plus vite.
C’est ensuite lorsque j’ai rencontré Jacques Bothelin lors d’un meeting aérien que tout a commencé. Jacques Bothelin est un pilote très expérimenté dans le monde aérien qui a passé sa vie professionnelle dans les meetings. C’est également le fondateur d’Apache Aviation, société basée à Dijon. Il est venu vers moi et m’a demandé : "Peut-on essayer votre machine ?"
J’avais jusqu’alors toujours utilisé mes avions pour mes déplacements et c’est là que je me suis mis à la voltige avec des gens qui savent faire. Philippe Laloix notamment, ancien pilote de la Patrouille de France. Dans cet univers-là qui est fait d’ancien militaires, on vole toujours à deux, à trois, et j’ai démarré un entraînement de voltige en patrouille serrée. C’était une époque où j’étais régulièrement à Dijon. Lorsque la patrouille Breitling de Jacques Bothelin est partie pour une tournée en Asie, je me suis dit qu’il me fallait un deuxième avion.
J’ai donc acheté un deuxième L39 et avec un ancien pilote de chasse, nous avons commencé les entraînements à deux. Le but était d’être entraînés et de faire quelques meetings aériens. Deux ans plus tard, j’ai acheté le troisième. Il s’agit vraiment d’un univers de passionnés et je suis aujourd’hui ravi de compter, Aymeric de Valence ancien pilote de Rafale dans l’aéronavale et leader de notre patrouille, ainsi que Renan Joyeux, ancien chasseur sur mirage F1 dans l’armée de l’air, au sein de la patrouille.

Y a-t-il une autre patrouille comme la vôtre en France ?
Il y avait la patrouille Breitling à Dijon qui est aujourd’hui, me semble-t-il, à la recherche d’un nouveau sponsor.

Pourquoi avoir choisi des L39 Albatros ?
On a une chance historique parce que c’est l'Alphabet du pacte de Varsovie. En 1989 avec la chute du mur de Berlin, toutes ces économies sont à l’agonie et on voit tous les pays de l’Europe de l’Est vendre des avions. des pilotes privés Américains achètent ce type de machine, donc je me suis dit qu’il y avait une raison et que cela devait nous être accessible. Il s’agit d’avions construits à 3 800 exemplaires et il n’y aura sans doute pas d’équivalent pour remplacer un avion comme celui-ci pour un usage privé. Les conditions économiques dans lesquelles on a pu y accéder étaient uniques. Il offre un excellent rapport qualité/prix/performance bien que cet avion n’ait jamais été pensé pour être exploité par des civils.

À combien d’années d’intervalle avez-vous acheté vos L39 Albatros ?
J’ai acheté le premier il y a vingt ans puis le deuxième dix à douze ans plus tard. Enfin, j’ai acquis le troisième deux ans après le second.

Où peut-on vous voir voler ?
Là où il y a des meetings aériens. Sinon, nous sommes basés à Reims. C’est une très belle région, il faut venir voler avec nous pour survoler la Champagne ! (http://www.flyandfun.fr)

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre association "Fly & Fun" ?
L’association a pour vocation d’entretenir "la flamme", le maintien en état de vol de ces appareils et de permettre au grand public de découvrir le vol dans ce type de machine. Nous pouvons nous déplacer pour des opérations d’entreprise ou privées dans toutes les régions de France ou d’Europe. Nous avons ainsi pu réaliser de très beaux vols dans les Alpes suisses par exemple...
(Fly & Fun - Jet experience with Team Sparflex | Facebook)




Quels sont vos prochains projets pour la patrouille ?
Il y aura normalement un meeting aérien à Saint Yan les 11 & 12 Juin 2021 si les circonstances actuelles nous le permettent. Le format sera réduit en termes d’audience. Cela nous donne un but pour poursuivre l’entraînement.

D’où vient votre passion pour l’aviation ?
J’ai passé ma jeunesse en Champagne à une époque où il y avait beaucoup d’avions en l’air, des vautours puis des mirages F1, etc. Dans le village dont je suis originaire, il y avait une relation particulière avec l’escadron "Lorraine" de la Base aérienne 112. Cela m’a amené à regarder tout cela de plus près.
Par chance et par malchance, j’ai eu un problème de myopie à 16 ans à l’œil gauche qui m’a empêché d’être pilote de chasse à l’époque mais qui m’a conduit sur une trajectoire qui me permet de voler encore aujourd’hui alors que les pilotes de chasse de ma génération sont depuis quelques décennies en retraite…
L’aviation était pour moi d’abord un loisir, une découverte devenue une passion plus qu’un métier, et s’est révélée être un véritable outil facilitateur du développement de mes affaires… Cela m’a vraiment aidé à développer l’entreprise. Nous organisions plusieurs opérations Sparflex tous les ans, permettant de faire voler environ 150 personnes chaque année. Cela a forgé de vraies relations avec la clientèle et permettait de transmettre les valeurs de l’entreprise corrélée aux valeurs que l’aviation peut transmettre.

Quel est votre parcours ? Avez-vous toujours été dans votre secteur d'activité actuel ou avez-vous changé au cours de votre carrière ?
Je suis Champenois d’origine et j’ai démarré ma carrière grâce à l’aviation. À la fin de mes études, j’ai intégré l’entreprise d’un industriel qui avait son avion et que j’avais connu grâce à cette passion commune. Il était spécialisé dans les coiffes pour les bouteilles de champagne. Je ne connaissais pas le monde du packaging auparavant et c’est par ce biais que je l’ai découvert. Nous avons ensuite démarré ensemble Sparflex quatre ans plus tard puis avons développé l’entreprise en France, en Espagne, aux États-Unis, en Australie, etc. Je suis resté dans le domaine du packaging pendant quarante ans !

Avez-vous un souvenir particulier/une anecdote que vous garderez toujours en mémoire ?
Oui, dans le domaine aéronautique ! Peu de temps après l’acquisition du premier L39, nous décollons de Marignane avec mon épouse, installée en place arrière. Elle me parlait, me donnait des nouvelles, lorsque brutalement l’avion fait de son propre chef un virage brutal de 90 degrés par la gauche. À cet instant, elle me dit qu’elle a perdu sa verrière ! Je réduis ma puissance, constate avec soulagement que de nouveau, les commandes répondent à mes sollicitations et je constate que la verrière est bloquée sur le bord d’attaque de l’aile gauche de l’avion ! Retour à Marignane avec mon épouse en place arrière en décapotable qui néanmoins continue à me commenter ce qu’elle constate dans son cockpit et sur ses instruments alors qu’elle ne peut entendre aucune de mes réponses…



Comment cela a pu se produire ?
C’est arrivé en phase d’accélération au décollage. Il y a eu un défaut de verrouillage non détectable. La verrière était mal verrouillée sur un côté seulement et a pivoté autour de l’axe sur lequel elle était bien verrouillée avant de s’en arracher. Elle s’est calée sur l’aile au niveau de l’antenne Pitot qui l’a arrêtée et est restée ainsi jusqu’à l’atterrissage ! Mon épouse a été d’un sang-froid remarquable car ce fut très impressionnant.
Cela est arrivé un samedi et le lundi, nous introduisions notre entreprise en bourse à Paris !

Qu’est-ce que vous préférez dans votre travail ?
Étant désormais à la retraite, ce que je préfère, c’est ce que je fais aujourd’hui avec les L39 : organiser des vols pour des particuliers ou des entreprises. C’est très intéressant pour les entreprises dans le cadre de "team building" !

Avez-vous d’autres passions ?
Je suis également instructeur hélicoptère, puis j’ai une famille avec cinq petits-enfants et ça occupe un peu aussi (rires).

Quel est le meilleur livre que vous avez récemment lu et pourquoi ?
Ces derniers temps c’était un peu technique, orienté finance. Il s‘agit d’un livre sur l’histoire d’un trader, "Mémoires d’un spéculateur" d’Edwin Lefèvre (1923)... Un classique dans le monde de la finance, une biographie qui reste d’actualité.

Écoutez-vous de la musique lorsque vous travaillez ou préférez-vous le silence ?
J’écoute de la musique mais je ne l’entends pas (rires). À vrai dire, cela me manque si je n’en ai pas. N’importe quel style de musique, j’ai juste besoin d’un fond sonore.

Quelle est votre saison préférée et pourquoi ?
De loin le printemps qui représente le retour à la vie ! C’est à cette période que l’on vit les premiers vols agréables au-dessus d’une campagne qui explose, avec des lumières fabuleuses.

Si vous pouviez vous téléporter tout de suite n’importe où dans le monde, quel endroit choisiriez-vous ?
L’île de Viveros dans l’archipel Las Perlas au Panama. C’est un endroit magique où il y a une vie incroyable sous l’eau (d’où son nom)… J’y ai des amis et si je pouvais me téléporter, je les rejoindrais avec plaisir pour y passer le week-end voire même un peu plus.

Back to Expert's Corner Main Page